Nous avons vu précédemment comment le café s’était répandu dans le monde Arabe. Son mode de préparation a évolué à l’époque, dans ces pays, après le déplacement de sa culture et de sa consommation depuis la corne de l’Afrique. Selon les lieux et les époques, les recettes n’étaient pas les mêmes. Il est probable qu’on a d’abord fait bouillir les fruits entiers pour en faire une boisson fermentée. Par la suite, on en vint à la torréfaction puis à l’infusion du grain.
Après l’expansion du café dans le monde Arabe, le premier Européen à l’évoquer fut Leonard Rauwolf. Ce médecin Allemand décrivit la boisson et la façon dont elle était consommée, à son retour du Moyen-Orient (où il voyagea de 1573 à 1576) dans un ouvrage publié en 1581. Il rapporta comment se buvait la décoction appelée chaube par les Turcs. Cette boisson « noire comme de l’encre, très agréable au goût et très bien supportée par l’estomac, se boit chaude dès le matin dans des tasses spéciales en terre ».
A la suite de Rauwolf, l’Italien Prospero Alpini visita en 1580 le jardin d’un bey Turc en Égypte et y vit des plants de caféiers. Médecin et botaniste aussi, il fut le premier Européen à décrire la plante et sa culture de manière précise. Il détailla aussi l’habitude des égyptiens de préparer une décoction à partir des grains de ces arbustes, les Ban. Boisson qu’ils appelaient « caowa », « chaube », « kahwah » ou « canua ».
C’est comme cela que le café commença à être introduit en Europe, porté par des hommes de leur temps, des hommes de la (fin de la) Renaissance qui ne concevaient pas leurs métiers sans les voyages, qui leur permettaient de découvrir des mondes nouveaux afin d’enrichir leur savoir, pour l’amour de la science et n’ayant pour but « que d’étudier sur leur sol natal les plantes citées par les médecins Grecs et Arabes », comme l’écrivit Rauwolf.
Cela avant que les premiers grains arrivent en Europe, une vingtaine d’années plus tard…